À travers ses pièces, Jean-Pierre Martinez explore les différentes facettes de l’humour, en expérimentant des genres très variés. Dès les premières comédies de situation qu’il écrit, il emploie son humour caustique pour dénoncer l’hypocrisie sociale. Son théâtre se fait ensuite plus social et plus politique, au fil des crises que traverse la société française : crises économique, institutionnelle, culturelle, environnementale, sécuritaire… Dans chacune de ces pièces, Jean-Pierre Martinez pousse jusqu’à l’absurde les situations, sans jamais donner de leçon de morale. Et le plus souvent, une ultime pirouette permet de conserver un certain optimisme (à l’exception de certaines pièces consacrées à l’environnement).
L’auteur démontre au fil de son œuvre théâtrale que le théâtre politique peut revêtir de nombreuses formes, y compris celle de la comédie.
1. La satire de toutes les formes de pouvoir
1.1. Le pouvoir politique
Les institutions
Dans Piège à cons, un parti en perdition dans les sondages, à l’approche des présidentielles, désigne pour le représenter un con de service afin qu’il endosse la responsabilité du naufrage. Tout en promouvant en secret un candidat hors parti à qui se rallier après sa victoire. Mais le con s’avère imprévisible… et les électeurs aussi. Extrait :
Alex – La droite, la gauche… Tout ça, c’est dépassé, croyez-moi.
Dominique – Comme vous y allez…
Alex – Honnêtement, est-ce qu’il existe une telle différence entre vos deux programmes ?
Dominique – Je ne sais pas… Je ne suis pas sûr qu’on ait encore un programme. Et eux non plus.
Alex – Finalement, à quoi ça sert, l’alternance ?
Dominique – À entretenir le mythe de la démocratie, j’imagine…
Alex – À se partager les postes, surtout. Un coup c’est toi, un coup c’est moi. Pourquoi ne pas gouverner ensemble, tout simplement ?
Dominique – Mais qui nommera les ministres ? Eux ou nous ?
Alex – Vous n’aurez qu’à vous partager les portefeuilles !
Dominique – Une autre version de la parité, en quelque sorte.
Alex – Je suis sûre que celle-là, vous aurez beaucoup moins de mal à l’instaurer…
Dominique – Oui… mais on aura moitié moins de postes…
Alex – Pas forcément… Il suffit de doubler le nombre des ministres.
Dominique – Ce qui supposerait d’inventer de nouveaux ministères…
Alex – Je crois que pour ça, les gouvernements n’ont jamais manqué d’imagination. C’est bien le seul domaine où ils en aient fait preuve, d’ailleurs… Ministère du Temps libre, ministère de la Qualité de la vie…
Dominique – Ministère du Redressement productif…
Alex – Sinon on pourra toujours faire appel à un cabinet de consultants pour trouver de nouveaux noms en fonction du nombre de ministres à placer. Ou alors chaque ministre aura la charge d’inventer le nom de domaine du ministère qui lui sera alloué. Il faut bien qu’ils bossent un peu…
Dans Fake News de comptoir, deux jeunes gens désabusés se retrouvent dans un bistro de campagne :
Nicky – Qu’est-ce qu’on peut faire pour empêcher ça ?
Morgan – Empêcher la fin du monde ? Je ne sais pas. Je t’avoue que la politique, je n’y crois plus.
Nicky – Moi non plus. Je ne pense pas qu’on puisse changer les choses par le haut.
Morgan – Les gens n’arrêtent pas de critiquer le gouvernement. Mais on a le gouvernement qu’on mérite, non ? Quand les gens seront moins cons, ils auront des gouvernants dignes de ce nom.
Nicky – C’est comme pour les termites, en fait. En réalité, la reine ne dirige rien du tout. Elle ne fait que reproduire le système à l’identique en pondant des œufs. Tant que les termites seront des termites, ça ne servira à rien de changer la reine.
Morgan – Et tant que les cons seront des cons, ça ne sert rien de changer le roi des cons.
Nicky – Ouais…
Ils font croire au patron d’un bistro qu’il a été tiré au sort pour être le prochain Président de la république : « En raison du taux d’abstention record enregistré lors du dernier scrutin, les élections présidentielles au suffrage universel sont supprimées. (…) Le prochain Président de la République sera tiré au sort parmi l’ensemble des Français inscrits sur les listes électorales. »
Mais quand il faut que le cafetier prononce ses premières mesures, l’absurdité des propos de comptoir éclate au grand jour :
Ginette – Mon mari voudrait supprimer les ronds-points, les impôts et l’État.
Sam – Supprimer l’État ?
Ginette – Et aussi… rétablir le service militaire obligatoire, appeler à un coup d’état militaire, et déclarer la guerre à l’Allemagne…
Max – Un coup d’état…? Pour se renverser lui-même, donc…
Ginette – Comment ça, lui-même…?
Sam – Puisqu’il sera déjà Président de la République.
Ginette – Ah ben oui, Robert… Tu n’avais pas pensé à ça…
Robert – Non mais c’était juste une idée de départ. Ça peut être un peu affiné. Et puis quand je disais l’Allemagne… ça peut aussi bien être Monaco, Andorre ou la Biélorussie.
Monarchisme et tyrannie
Echecs aux Rois est une fable grinçante où roi et reine, et ceux qui intriguent pour les remplacer, n’hésitent pas à sacrifier les pions pour gagner la partie. Une illustration tragi-comique des extravagances auxquelles peuvent s’abandonner ceux qui succombent au virus de la politique…
Roi – J’aurais tellement voulu qu’on m’aime pour ce que je suis.
Majordome – Mais votre Altesse… vous êtes un tyran.
Roi – Je ne l’ai pas toujours été, vous savez… Quand j’ai été élu pour la première fois, de façon parfaitement démocratique, les gens hurlaient aussi dans la rue. Mais c’était pour me rappeler tous les espoirs qu’ils avaient placés en moi. Et pour me crier leur amour. Vous vous souvenez ?
Majordome – Ma foi non, votre Altesse…
Roi – J’étais jeune. Eux aussi. Je voulais sincèrement leur bonheur, je vous assure. Et puis petit à petit, la corruption s’est installée, comme le ver dans le fruit. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Vous savez qui a dit ça ?
Majordome – Je crois que c’est Machiavel, votre Altesse.
Roi – L’espoir a fait place à la déception, la déception à la résignation, la résignation au désespoir, le désespoir à la colère, et la colère à la haine… Comment reconquérir le cœur d’une femme qu’on a déçue, et qu’on a réussi à garder qu’en usant de la force ?
Totalitarisme
Dans Quarantaine, quatre personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent malgré elles placées en quarantaine dans ce qui s’avère être un théâtre désaffecté.
Dom – Et dire qu’autrefois, on avait le droit de rire en public…
Pat – Comment on en est arrivés là ?
Dom – Ça a débuté il y a très longtemps, mais ça s’est installé progressivement. On a commencé par interdire de rire à propos de certaines choses. De la religion, d’abord…
Max – Et des autorités, bien sûr.
Dom – Et puis on a fait du Guide Suprême un nouveau Dieu, et toute critique est devenue un blasphème.
Max – L’alcool a été interdit aussi, parce que quand on est saoul, on a tendance à rire plus facilement.
Dom – L’Autorité avait établi une liste de sujets dont on pouvait encore rire. Au fil des années, la liste est devenue de plus en plus courte.
Max – Au bout du compte, ils ont décidé que le plus simple, c’était d’interdire de rire.
Dom – Et c’est comme ça que peu à peu, de ne plus avoir le droit de rire de tout, on n’en est arrivé à ne plus avoir le droit de rire de rien…
Max – Finalement, on n’avait même plus le droit de rire de soi-même…
Dom – Même les pauvres n’avaient plus le droit de rire de leur propre malheur.
Pat – Mais comment ont-ils fait pour faire respecter cette interdiction ?
Dom – Les autorités ont traité le rire comme une maladie mentale. Ceux qu’on surprenait à rire étaient immédiatement internés.
Max – Et bien sûr, on a supprimé tout ce qui pouvait donner envie de rire.
Dom – Interdiction des journaux, fermeture des théâtres, autocensure généralisée…
Max – Les clowns, les humoristes et les comédiens étaient considérés comme de dangereux terroristes.
Dom – Le rire était traité comme la lèpre autrefois. Des gens ont été murés vivants chez eux parce qu’on les avait entendus rire.
Max – On a aussi forcé toute la population à porter un masque.
Dom – Au prétexte de se protéger d’un virus. En réalité, c’était pour qu’on ne voie plus ne serait-ce qu’un sourire sur le visage de personne. Ces masques étaient devenus comme des muselières.
Max – Comme dans certaines religions, autrefois.
Dom – Avant que l’Autorité ne devienne la seule et unique religion.
Max – Peu à peu, on n’a plus entendu rire personne.
Dom – En interdisant de rire, bien sûr, on interdisait aussi de critiquer, et de protester.
Max – Plus de conflits sociaux, plus de débats politiques, et donc plus d’élection.
Dom – Comme c’était déjà le cas dans bon nombre de dictatures laïques ou religieuses.
1.2. Le pouvoir économique
Les établissements financiers et les banques
Dans Crise et châtiment, un comédien au chômage est embauché par une banque en faillite pour jouer les boucs-émissaires auprès des clients furieux.
« Mais à la bourse, c’est comme au casino : il n’y a que la banque qui gagne toujours sur le long terme. Le client, lui, ne peut pas gagner à tous les coups. »
Jérôme – Et pourquoi est-ce que vous ne les recevez pas vous-même, ces clientes que vous avez ruinées ?
Claude – Mais parce qu’en tant que directrice de cette filiale, je représente la continuité de l’institution financière. Je suis responsable de tout, mais comme un ministre de la santé ou un ministre du culte, je ne peux être coupable de rien, sauf à compromettre gravement la crédibilité de tous ceux qui sont au-dessus de moi. Il en va de la survie même de cette société, Monsieur Charpentier. Que dis-je ? De la société toute entière ! Le Très Haut ne saurait être tenu pour coupable de quoi que ce soit. C’est à celui qui est tout en bas de l’échelle de payer pour tous les autres. Et le plus bas que nous ayons pu trouver sur l’échelle des hominidés, Jérôme, mais à qui néanmoins on puisse passer un costume sans avoir à rallonger les bras, c’est vous ! Un comédien au chômage !
Les paradis fiscaux
Six personnages mystérieux sont bloqués sur une île par une grève de ferry alors d’un tsunami menace de détruire ce paradis fiscal. Une fable humoristique sur les travers de la société capitaliste.
Max – Nous avons tous une bonne raison d’être ici, sur ce bateau. Et de vouloir regagner le continent sans passer par la douane. Tous, même vous…
Diane – Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?
Max – Sinon vous n’auriez jamais accepté de payer une telle somme pour la traversée. Et vous ne seriez pas aussi attachée à votre valise…
Sergio – Je vous rappelle que la compagnie de ferry est en grève.
Max – La grève… Elle a bon dos, la grève… On dirait plutôt que les rats quittent le navire… en emportant l’argenterie.
Sergio – Si seulement on pouvait le quitter, ce putain de navire…
Max – Navire, c’est une façon de parler. Je veux dire cette île. Ce havre de paix pour milliardaires apatrides. Pourquoi étiez-vous tous si pressés de la quitter ?
Diane – Ça ne vous regarde pas… On voulait regagner le continent au plus vite, c’est tout. Les ferries sont en grève, on est montés sur le premier bateau en partance…
Marie – Quand on est sur le Titanic, il faut bien choisir son canot de sauvetage… Malheureusement, j’ai l’impression qu’on n’a pas fait le bon choix…
Max – On est tous dans le même bateau, en effet. Mais pas pour les mêmes raisons. Et je serais curieux de savoir laquelle de ces valises contient le plus de pognon… Pas la mienne, ça c’est sûr…
Diane – Même si vous n’avez rien de compromettant dans vos bagages, Capitaine, je vous rappelle que c’est un délit de faire office de passeur.
Marie – Surtout quand on n’a même pas son permis bateau.
1.3. Le pouvoir médiatique
Dans Fake news de comptoir, deux jeunes gens créent un faux journal : « lls n’ont pas internet, ils ne vont pas sur les réseaux sociaux… Les fakes news, il faut leur amener directement au comptoir, dans le journal local… »
1.4. Le patriarcat
De nombreuses comédies de Jean-Pierre Martinez jouent avec les stéréotypes de genre et sont parsemées de répliques qui dénoncent avec humour ou ironie le machisme et le patriarcat.
Dans Après nous le déluge, la charge est plus directe :
Alban – Je t’ai aimée, c’est vrai. Passionnément. Et tu n’as pas changé.
Virginie – Merci.
Alban – Ce n’était pas un compliment. Ton ego est toujours… surdimensionné.
Virginie – Chez les hommes, on appelle ça l’ambition, je crois. Et c’est considéré comme une qualité.
Alban – Tu as raison. D’ailleurs, c’est curieux.
Virginie – Quoi ?
Alban – Tous ces préjugés que la société nous imposait. Le sexisme, entre autres. Tout ça n’a plus aucun sens maintenant que la société a totalement disparu.
Virginie – Malheureusement, tant qu’il restera un macho, on n’en aura pas fini avec le machisme.
Alban – Tu as raison. Le ver est dans le fruit. Il finira toujours par le bouffer de l’intérieur. C’est dans nos gènes.
Virginie – Alors tu penses que l’homme est fondamentalement mauvais ?
Alban – Il l’a prouvé, non ?
2. Les motifs du théâtre politique
La corruption
La corruption est le principal thème de la pièce Dessous de table : pour inciter un ministre à signer un gros contrat lors d’un dîner, un PDG a engagé une escorte. Mais la fille en question ne fait que remplacer une amie, qui ne lui a parlé que d’un travail d’hôtesse.
Le thème est aussi présent dans la comédie Le plus beau village de France.
La diplomatie, les relations internationales
Alors que l’Occident soupçonne une invasion imminente de la Poldavie par la Russie, le président de la France rend visite au président russe pour arracher un compromis… tout en espérant qu’un tel succès diplomatique lui permettra de prendre l’avantage sur ses adversaires dans la course pour sa réélection. Mais ce face à face tendu entre le représentant d’une démocratie plus ou moins décadente et le tenant d’une dictature pas vraiment éclairée va s’avérer mouvementé et il connaîtra une issue très incertaine…
Lien vers la pièce Roulette russe au Kremlin
L'écologie, la défense de l'environnement de la biodiversité
À partir de 2019, l’écologie devient le thème central de quelques-unes des pièces de Jean-Pierre Martinez, développant alors un discours critique, s’inscrivant dans le genre littéraire du Climate Fiction (Cli-Fi ou fiction climatique).
Voir la page L’écologie dans le théâtre de Jean-Pierre Martinez
La lutte des classes
Extrait du sketch Les gens :
Chauffeur – Les gens viennent là avec leurs enfants pour prendre un peu l’air.
Milliardaire – Ah, oui… Les gens…
Chauffeur – Quand ils ne travaillent pas, évidemment.
Milliardaire – Bien sûr. C’est assez propre, quand même. Et… ce sont les gens eux-mêmes qui l’entretiennent, n’est-ce pas ? On appelle ça des jardins ouvriers, je crois.
Chauffeur – Euh… Non monsieur. Les jardins ouvriers, c’est pour faire pousser des légumes. Ici c’est un jardin public. C’est entretenu par les jardiniers de la mairie.
Milliardaire – Je vois. Et les gens viennent ici pour se reposer.
Chauffeur – C’est cela. Pour reconstituer leur force de travail, comme dit Marx.
Milliardaire – Je vous demande pardon ?
Chauffeur – Karl Marx, monsieur. Pour Marx, le travail est une marchandise. Et sa valeur est équivalente à la valeur de l’ensemble des biens matériels et immatériels nécessaires à sa reproduction. C’est-à-dire non seulement le logement et la nourriture, mais aussi les quelques distractions indispensables pour éviter que le prolétaire tombe dans la dépression et se laisse tenter par le suicide.
Milliardaire – Je vois… Du pain et des jeux, comme disait Jules César…
Chauffeur – Oui, si monsieur préfère. Mais si monsieur me permet, le phénomène de la lutte des classes, qui conduit inéluctablement à la dictature du prolétariat, est beaucoup mieux analysé dans Le Capital.
La censure et la liberté d'expression
La liberté d’expression est le thème principal de la pièce Quarantaine, mais ce sujet apparaît de manière récurrente dans de nombreuses pièces (Juste un instant avant la fin du monde, Echecs aux Rois….)
Extrait de Echecs aux Rois :
Princesse – Encore un effet secondaire de cette maladie : non seulement les gens ont perdu tout sens critique, mais ils ont aussi perdu le sens de l’odorat. Il ne sentent même plus la merde dans laquelle ils sont.
Leader – C’est presque un miracle… Ce sera d’autant plus facile pour les gouverner.
Princesse – Et avec notre stock stratégique de papier hygiénique, où en est-on ?
Leader – L’armée a réquisitionné le papier-journal pour en faire du papier toilette. Adieu les mauvaises nouvelles ! Tu n’es pas près de relire la presse de si tôt.
Princesse – N’est-ce pas un peu dangereux pour la liberté d’expression et donc pour la démocratie ?
Leader – Pas de journaux, pas de commentaires désagréables sur l’action du gouvernement… La période de grâce s’en trouvera prolongée d’autant.
Princesse – Oui… Mais c’est le premier pas vers une nouvelle dictature… Attention, mon père aussi, au début, avait quelques idéaux…
Leader – Tout cela n’est que provisoire, ma chérie, mais… il est évident qu’il y aura un avant et un après. Et que dans le monde d’après, on ne vivra plus exactement comme avant…Princesse – Quand tu dis « on » tu veux dire le peuple, j’imagine, parce que pour nous… tout continuera comme avant, non ?
Les manifestations
Extrait du sketch « La Manif pour personne » : manif et contre-manif, mot d’ordre et contre-ordre
Trois – Excusez-moi de vous demander ça, mais je voudrais être sûr de ne pas me tromper… Vous manifestez pour quoi, vous, exactement ?
Deux – Pour quoi ? Vous voulez dire contre quoi ?
Trois – Ah, je ne sais pas, je… Je pensais que c’étaient les autres qui manifestaient contre…
Un – Les autres ?
Trois – La contre-manif…
Deux – Ah non, la contre-manif, eux, ils sont pour.
Trois – Pour ?
Un – Vous n’avez pas l’air d’avoir beaucoup l’habitude des manifs, vous, hein ?
Trois – Euh… Non, je dois avouer que c’est ma première manif.
Un – Bon alors on vous explique. Nous, c’est la manif, on est contre.
Trois – Contre ? Contre quoi ?
Deux – Ça dépend des fois, évidemment. Mais on est contre en général.
Trois – Je vois…
Un – Les autres, eux, la contre-manif, ils sont contre le fait qu’on soit contre.
Trois – Je crois que cette fois j’ai compris… Je veux dire, en général… Mais cette fois, vous manifestez contre quoi, en particulier ?
Un – Contre quoi ? Contre quoi on manifeste aujourd’hui, ça ne me revient pas là tout de suite…
Deux – Je ne sais pas… Je n’ai encore rien écrit sur ma pancarte… J’attendais de savoir quel était le mot d’ordre.
Trois – Le mot d’ordre ? Je pensais que vous étiez contre l’ordre, justement. Je veux dire contre l’ordre établi.
Les élections
Le vote au sein d’un couple : le sketch « Secret »
Le vote blanc : sketch « Voter blanc »
« Il milite depuis des années pour que le vote blanc soit reconnu comme un vote à part entière… Comme il n’a pas obtenu satisfaction, il a décidé de se présenter lui-même… C’est vrai que c’est assez courageux. Au moins, il va au bout de sa démarche… »
La désillusion politique: le sketch « Le Bac avec mention »
Lui – On est dans la merde, je te dis.
Elle – Qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Lui – Je ne sais pas. La révolution, ça ne marche pas. Le réformisme non plus.
Elle – Après chaque crise, on nous promet que plus rien ne pourra être comme avant.
Lui – Dans un sens ils ont raison. C’est encore pire après.
Elle – Qu’est-ce qui nous reste alors ?
Lui – L’amour. (Sans conviction) Tu veux sortir avec moi ?
La démagogie
Ce motif est très présent dans les pièces Echecs aux Rois, Piège à cons.
Dénonciation de la xénophobie
Le sketch « Les moutons » illustre l’absurdité du discours xénophobe et populiste.
À travers ses pièces, Jean-Pierre Martinez défend un théâtre populaire au sens noble du terme, divertissant mais sans facilité, impertinent mais sans vulgarité, engagé mais pas édifiant, éthique plutôt que moraliste, et surtout pas pédagogique ou donneur de leçon.