L’Oiseau de feu et Boléro par le Ballet de l’Opéra Grand Avignon

L'Oiseau de feu par Edouard Hue

Studio Delestrade Cédric/Mickael Photographes

Loin de l’argument du conte ayant inspiré le ballet originel de Stravinsky, mais en cohérence avec lui, Edouard Hue nous propose une interprétation très psychanalytique de ce récit initiatique, la quête de l’Oiseau de Feu devenant une quête existentielle.

Il met pour cela en œuvre l’opposition plastique entre les ténèbres et la lumière, et celle du noir et de la couleur, pour symboliser le passage de l’inconscient à la conscience, et le surgissement progressif de l’identité au milieu de l’indistinction collective.

Au centre de ce récit d’émergence de l’identité à travers celle de la conscience, un être à la fois unique et très ordinaire se meut avec difficulté, tantôt entravé et tantôt porté par les forces obscures qui l’entourent, à la fois démons et anges gardiens. De cette noirceur surgit parfois un bleu foncé moins profond que le noir, avant l’apparition fantastique et fugace de la couleur sous la forme d’un voile multicolore.

Au final, l’avénement de l’identité chez cet être en devenir semble réveiller en lui la mémoire de ceux qui l’ont précédé et la prémonition de ceux qui le suivront dans ce voyage mythique de l’inconscient vers la conscience collective.

Un ballet très graphique et d’une grande portée symbolique.

Boléro par Hervé Koubi

Studio Delestrade Cédric/Mickael Photographes

Sur une interprétation très contemporaine aux accents électroniques de la musique de Ravel, ce deuxième ballet d’Hervé Koubi nous propose un récit aux antipodes du premier tant par sa dimension esthétique que par son propos symbolique. 

C’est cette fois un blanc virginal qui domine, pour des costumes tendant à une indifférenciation relative des sexes, même si des voiles en transparence soulignent discrètement la féminité des danseuses par rapport aux danseurs couverts de jupes. 

Dans une lumière à peine voilée elle aussi, ces personnages d’abord asexués semblent peu à peu découvrir la sensualité et l’exultation des corps, avant de célébrer la vie et de faire l’expérience de la mort. Pour enfin renaître à l’existence.

Un ballet dépourvu de tout le folklore espagnol entourant l’œuvre originale. Une ode à la vie et à la sensualité.

 

Deux œuvres exceptionnelles pour un programme unique, portées avec virtuosité par l’excellent Ballet de l’Opéra Grand Avignon. Un magnifique spectacle, à ne manquer sous aucun prétexte.


Critique de Jean-Pierre Martinez
Spectacle vu à l’Opéra Grand Avignon en avril 2023

L’Oiseau de feu, pièce pour 14 danseurs 

Chorégraphie : Edouard Hue 
Musique : Igor Stravinsky 
Costumes : Sigolène Pétey réalisés dans les Ateliers couture de l’Opéra Grand Avignon 
Lumières : Arnaud Viala 
Assistant artistique : Rafaël Sauzet 

Boléropièce pour 12 danseurs 

Chorégraphie et lumières : Hervé Koubi 
Musique :  Maurice Ravel 
Costumes :  Guillaume Gabriel réalisés dans les Ateliers couture de l’Opéra Grand Avignon 
Composition électronique :  Maxime Bodson et Guillaume Gabriel 
Arrangements musicaux :  Guillaume Gabriel 
Assistants :  Morgane Rabadan, Fayçal Hamlat 

Ballet de l’Opéra Grand Avignon

Directeur de la danse : Emilio Calcagno
Maîtresse de ballet : Brigitte Prato
Régisseur de ballet : Michele Soro

Danseuses :
Lucie-Mei Chuzel, Béryl De Saint Sauveur, Aurélie Garros, Anastasia Korabov-Botalla,  Marion Moreul (apprentie), Ebony Murray, Veronica Piccolo

 

Danseurs :
Arnaud Bajolle, Sylvain Bouvier, Allan Gereaud (apprenti), Joffray Gonzalez, Kiryl Matantsau, Léo Khébizi, Ari Soto

Festival Avignon OFF 2023

La Scala Provence du 11 au 16 juillet à 10h

3 rue Pourquery de Boisserin – Avignon

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