Pandémie

Les hommes malades de la peur…

Qui aurait pu croire il y a quelques années à peine que nous en arriverions là, et aussi vite ? La situation totalement inédite dans laquelle nous avons été tous plongés pendant de longs mois nous amène à réfléchir plus généralement sur le monde dans lequel nous vivons, sur la classe politique qui nous gouverne et, puisque la démocratie n’a pas encore tout à fait succombé au virus sécuritaire, sur notre propre responsabilité à l’avoir portée au pouvoir et à l’y maintenir.

Peut-on vraiment se reposer entièrement sur des gouvernants et des administrations ubuesques pour mener sur la voie de la guérison notre société malade de la peur ? Cette crise sanitaire a sans doute interrogé avant tout les limites du principe de la délégation de pouvoir dans la démocratie qui est la nôtre. Aux États-Unis comme en France, remettre son destin une fois tous les quatre ou cinq ans entre les mains d’un Roi Ubu, est-ce vraiment cela la démocratie ?

Loin de toutes les théories complotistes, qui ne font finalement que conforter le citoyen engagé que nous devrions être dans un rôle de spectateur passif, ces quatre pièces prétendent avant tout ouvrir un débat, toujours avec une pointe d’humour. Le rôle du théâtre est de poser les bonnes questions, pas de fournir des réponses qu’il appartient à chacun de trouver par lui-même, avant de tenter ensemble de les mettre en œuvre.

Une trentaine de personnages se succèdent deux par deux sur la scène dans des situations tragicomiques, mêlant au réalisme l’absurde et le fantastique. La crise dans laquelle nous a plongés le Coronavirus, en nous privant brutalement de nos libertés fondamentales, que nous pensions inaliénables, aura au moins eu le mérite de nous révéler la fragilité du monde qui est le nôtre. Depuis ses travers les plus ridicules jusqu’aux germes plus inquiétants de la dictature, sous couvert d’urgence sanitaire.

La politique s’apparente souvent à une partie d’échecs, excluant toute notion de morale. Que l’on joue avec les blancs ou avec les noirs, il s’agit toujours pour un camp de vaincre l’autre afin qu’il ne reste plus qu’un seul roi. Un jeu absurde, puisqu’avec la défaite de l’adversaire, c’est aussi la partie qui se termine. Et que le seul avenir possible ne saurait être qu’une éventuelle revanche. Tel est le sujet de cette comédie grinçante où roi et reine, et ceux qui intriguent pour les remplacer, n’hésitent pas à sacrifier les pions pour gagner la partie. Une illustration tragi-comique des extravagances auxquelles peuvent s’abandonner ceux qui succombent au virus de la politique…

Sept ans ont passé depuis la fermeture de tous les théâtres en raison de la crise sanitaire. Trois comédiens présumés arrivent sur scène pour un casting. À moins qu’il ne s’agisse d’une lecture publique. Ou même de la première du spectacle… Le problème c’est qu’ils n’ont pas le texte de la pièce. L’auteur ne l’a pas encore écrite. Il va falloir improviser…

Quatre personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent malgré elles placées en quarantaine dans ce qui s’avère être un théâtre désaffecté. Derrière une vitre imaginaire, des gens (les spectateurs) les observent. Les présumés malades s’interrogent. Par quel virus auraient-ils bien pu être contaminés ? Que risquent-ils exactement ? Quand et comment tout cela va-t-il se terminer ? On comprend peu à peu que ce huis-clos se situe dans un futur proche où Big Brother règne en maître, et que la raison de cette quarantaine n’est peut-être pas strictement médicale.

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