Avec ses faux airs de crooner des Balkans, le virtuose Paul Staïcu nous invite à une plongée pianistique et humoristique dans la Roumanie de Ceausescu. Avec une irrésistible autodérision, il nous raconte comment la musique, sous toutes ses formes, lui a permis de survivre à la dictature, puis même d’y échapper… trois mois avant la chute du mur de Berlin, qui entraîna aussitôt celle du régime totalitaire dans le pays dont il venait à peine de s’évader.
Au-delà de cette fresque historique brossée avec drôlerie et élégance, ce pianiste hors pair, doté aussi d’un grand talent comique, tente de réconcilier les musiciens que nous avons été, ou que nous aurions pu être, avec une discipline d’apprentissage musicale dont il est néanmoins difficile de nier le caractère aride. Reste que la musique, si elle ne suffit pas hélas à adoucir les mœurs, est à l’évidence une ouverture sur le monde et sur les autres. Ainsi qu’une invitation au rêve et à la fraternité.
Un spectacle porté par un artiste très attachant et au parcours étonnant.
Pour tous les publics, musiciens d’active ou réservistes, repentis ou sympathisants.
Un coup de cœur de Libre Théâtre.
Jean-Pierre Martinez
3 juillet 2024